Dominique Frassati ( 1896-1947) - Quatre jeunes pêcheurs du port d’Ajaccio lisant “U Muvra”
La langue corse s'intègre dans la famille des langues romanes, c'est-à-dire des langues issues du latin, et plus précisément dans le groupe italo-roman. On sait très peu de choses de ce qui était parlé en Corse avant l'arrivée des Romains, entre les deux premières guerres puniques : quelques traces de substrat affleurent dans la toponymie ou dans quelques désignations comme talavellu « asphodèle », muvrone « mouflon »…
Aux premiers siècles de la conquête romaine, la Corse et la Sardaigne constituent une seule province, et sont sans doute linguistiquement très proches. Puis la Sardaigne se replie sur elle-même, alors que la Corse est intégrée à la sphère de rayonnement toscan. C'est à cette époque que se constitue, pour l'essentiel, la physionomie de la langue corse d'aujourd'hui. Celle-ci conserve des mots (veculu « berceau », nimu "personne", ava(li) "maintenant") et des tournures (mammata « ta mère », babbitu « ton père », omu sà "on sait") qui n'existent plus en italien moderne mais renvoient à la langue de Dante.
Plus tard (à partir du XIIème siècle) la Corse passe sous domination génoise. Mais cette colonisation —excepté à Bonifacio, isolat génois en Corse— n'a que peu d'incidences linguistiques : en effet l'administration génoise utilise le toscan, c'est-à-dire ce qui deviendra la langue nationale italienne— par exemple pour fixer la toponymie. Quelques mots cependant remontent à cette époque : u scagnu « le bureau », u mandile « le mouchoir »... L'influence du français sur le corse, qui aujourd'hui va croissant, se fait sentir par-dessus tout dans le vocabulaire référant à la vie moderne.