Le jardin nocturne
J’avance, inlassablement j’avance, anxieux et attendri
Dans ce jardin de ténèbres, fidèle miroir de mon âme,
Je m’enfonce dans l’obscurité de cette nuit sordide,
Loin, si loin des lieux paisibles où mon cœur aimait à se reposer.
Au pied d’un arbre centenaire gisent mes désirs d’antan,
Mes désirs de prestige et de contentement.
Dans ce jardin d’été, je me sens à mon aise,
Entouré de néant, de silence et de pudeur.
Peu à peu j’ose oublier les fastes de mon existence passée,
Cette vie où tout n’était que mensonge,
Ces heures interminables, pleines de clinquant et d’illusions,
Ces minutes qui n’en sont pas.
Ici, loin des avenues parisiennes, loin des prisons dorées,
Dans ce jardin d’amour et de douleur,
Je puis à mon aise gémir et soupirer,
M’abîmer dans les regrets d’un passé heureux
Qui n’exista que dans mes fantasmes,
Me sclérosant peu à peu l’âme.
En ce jour si beau, il a fallu que je me tue,
Que j’anéantisse ce que j’avais de plus cher au monde.
Dans quelques minutes, au plus tard dans quelques heures,
Je pourrai à mon aise gésir au pied de cet arbre,
M’endormir dans la fosse qu’ils ont creusée pour moi,
Loin, si loin de tout, si loin de toi.